L’écosystème du premier secteur exportateur du Maroc est en marche. Les grands industriels et équipementiers internationaux y voient une aubaine pour se développer sur les terres africaines.
La société italienne Sogefi, filiale du groupe CIR, installe son premier site africain au Maroc dans la zone de libre-échange de Tanger. Une annonce faite le 21 mars par le spécialiste de la fabrication des composantes automobiles.
La nouvelle usine qui démarrera ses activités début 2018, fournira le marché local et européen. Celle-ci ayant déjà reçu des commandes pour les deux marchés. On parle ainsi de génération de ventes supplémentaires de 30 millions d’euros à partir de 2020.
Sogefi Maroc fabriquera donc deux modèles distincts de systèmes de filtration de moteurs, un filtre diesel métallique et un module de filtration d’huile en plus de pièces de rechange d’origine, pour plusieurs types de véhicules.
Installée sur 10.000 m2, cette usine emploiera dans un premier temps 120 personnes avant de porter sa taille à 25.000 m2 afin d’atteindre les 300 emplois. Le deuxième objectif est celui d’arriver à atteindre des ventes annuelles de 60 millions d’euros en 2021 et un investissement de 10 millions d’euros.
Les japonais veulent aussi leur part du gâteau
Le Maroc a accueilli le 15 mars un autre nouvel arrivant, le géant japonais AGC. Une grande usine de vitrage automobile s’installe donc dans la free zone de Kénitra pour un investissement global de 1,2 milliards de dirhams.
Cette joint-venture entre le leader mondial de vitrage automobile AGC automotive et Induver Morocco, donne lieu à une nouvelle unité industrielle qui s’étalera sur une surface de 12,5 Ha et qui engendrera la création de 600 emplois directs.
L’unité spécialisée dans la production du verre trempé pour lunettes arrières et vitres latérales ainsi que du verre feuilleté pour pare-brise, exportera les deux tiers de sa production et contribuera à l’intégration du système automobile.
Par ailleurs, elle disposera d’une capacité qui lui permettra de fournir dès 2019, environ 1.100.000 carsets par an. A noter que AGC Automotive Europe détiendra 45% du capital de Induver Morocco, l’occasion pour ce dernier de percer le marché européen tout en bénéficiant du savoir-faire de l’entreprise japonaise.
Renault, principal gagnant
En fait, ce projet s’inscrit dans le cadre du déploiement de l’écosystème du constructeur Renault qui s’entourera de tout un tissu de fournisseurs, en vue de former un écosystème performant qui favorise l’intégration avancée de la chaîne de valeur de l’automobile.
En effet, ce serait grâce à l’essor du secteur automobile, soutenu par le Plan d’Accélération Industriel (PAI) que AGC automotive aurait décidé d’investir au Maroc.
Un nouveau concurrent pour l’AMICA?
Oui, tout à fait. Et c’est le GIPAM. Le Groupement Interprofessionnel de l’automobile au Maroc. Composé de professionnels de la fabrication, l’importation et la distribution des composants et pièces de rechange pour tous types de véhicules. Mais aussi, des activités de sous-traitance et services techniques liés à l’entretien et à la réparation des véhicules, il rejoint l’AMICA (association marocaine pour l’industrie et le commerce de l’automobile) dans le milieu associatif sectoriel pour “mieux organiser le marché”, selon les dirigeants du groupement.
Clairement, le but est de défendre les intérêts de ses membres auprès de tous les organismes privés ou publics, mais aussi auprès des pouvoirs publics, des administrations et des organismes économiques, sociaux et professionnels.
Dans son communiqué, le GIPAM explique aussi vouloir proposer toutes les mesures à même d’impulser l’activité de ses membres, sans préjudice de l’intérêt général. En outre, le nouvel acteur de l’automobile oeuvrera pour la promotion de toutes les actions tendant à faire acquérir à ses membres tout savoir-faire, la maîtrise des nouvelles technologies dans les domaines de leurs activités respectives et dans la gestion et l’organisation des entreprises.
Un secteur qui a déjà fait ses preuves
Depuis 2014, l’automobile est le premier secteur exportateur au Maroc. Son chiffre d’affaires à l’export a augmenté de 50% depuis. Ce progrès est essentiellement dû au lancement du Plan d'Accélération Industriel (PAI) instauré la même année. La montée en puissance de Renault avec ses équipementiers est également prise en considération. Pour rappel, Renault Maroc a assemblé 345.000 véhicules en 2016 entre SOMACA à Casablanca et Renault Tanger Exploitation.
Il y a aussi l’arrivé de beaucoup d’autres équipementiers automobiles qui sont actuellement en train d’exporter vers l’Europe. A cela s’ajoute Peugeot avec ses trois composantes (ressources d’achat, ingénierie et logistique), qui fabriquera au terme de l’année 2023, 200.000 moteurs au Maroc. Celle-ci compte aussi exporter du Maroc vers ses usines présentes en Europe, l’équivalent d’un milliard d’euros, donc 10 milliards de dirhams. Il est vrai que l’activité de Peugeot démarrera en 2019, mais le sourcing à partir du Maroc vers ses usines en Europe a déjà démarré.